Kinésithérapie et quantification du stress mécanique

running sur surface dure

Depuis quelques années, dans le monde de la kinésithérapie ou dans celui du sport, nous entendons parler de "Quantification du Stress Mécanique" (QSM), concept introduit par La Clinique du Coureur qui en fait le principe central de son enseignement dans les pathologies de la course à pied.

Qu'est-ce que le stress mécanique?

Concrètement, nos os, tendons, cartilages, et muscles sont des tissus vivants qui sont soumis à des contraintes au quotidien du fait de nos activités (tâches de la vie quotidienne, travail, sport). C'est ce qu'on appelle les stresseurs mécaniques. En fonction du sport pratiqué ou de l'activité professionnelle, les stresseurs mécaniques seront plus ou moins élevés sur un tissu donné.
⁠Par exemple, un marathonien aura plus de contraintes sur son tendon d'achille qu'un nageur. Les lombaires d'un maçon ou d'un bûcheron seront plus sollicitées que celles de l'employé de bureau.

Le stress mécanique est donc l'ensemble des contraintes qui s'appliquent sur un tissu au quotidien.

A quoi sert la quantification du stress mécanique?

La quantification du stress mécanique consiste à mesurer le stress total exercé sur un tissu (temps sous contraintes, répétitions, amplitudes ou intensités des mouvements, etc.) et de mettre en relation ces mesures avec le ressenti et les symptômes de la personne (gêne fonctionnelle, douleurs, fatigue), dans le but d'adapter les activités pour :

  • Prévenir et optimiser le traitement des blessures tissulaires (tendinopathies, lésions musculaires, etc.) dans le sport.
  • Prévenir et optimiser le traitement des troubles musculo-squelettiques au travail.
  • Eduquer la personne face à son problème et l'aider à mieux gérer ses douleurs.

Le principe de base est que les tissus du corps (tendons, cartilages, muscles, os, etc.) s'adaptent dans la mesure ou le stress qui leur est appliqué n'est pas supérieur à leur capacité d'adaptation.
⁠Donc le but est de quantifier les activités des personnes avec pour objectifs de :

  • Ne surtout pas rien faire, car si il n'y a pas de contraintes sur les tissus, il n'y a aucune adaptation.
  • Faire progresser les activités pour se rapprocher de la limite de la capacité d'adaptation et donc la faire augmenter.
  • Eviter de dépasser cette limite au risque de faire revenir des douleurs et des souffrances tissulaires.

Comment connaitre la limite de la capacité d'adaptation?

Pour nous aider à connaitre notre limite, le corps est une formidable machine qui nous envoie des signes qu'il faut savoir reconnaitre et interpréter.

La douleur qui apparait pendant ou après la pratique du sport ou de l'activité est le marqueur le plus important. Dans certains cas, elle nécessite la diminution ou l'arrêt de l'activité (par exemple si elle est associée à un gonflement ou à une raideur matinale le lendemain). Dans d'autres cas, on peut augmenter l'activité mécanique en tolérant une douleur modérée et stable, ce qui peut nous permettre de franchir certaines étapes dans l'adaptation de notre corps.

D'autres facteurs peuvent influencer notre capacité d'adaptation. La fatigue, le stress psychologique, et une mauvaise alimentation abaissent la tolérance de base du corps, le rendant plus vulnérable et moins apte à guérir. En revanche, un sommeil de qualité, être actif, et être heureux facilitent les adaptations.

Cela nécessite de bien comprendre comment fonctionne votre corps et il est donc indispensable de vous rapprocher d'un professionnel de santé qui vous aidera à gérer vos douleurs et à bien doser votre stress mécanique au quotidien.

Quel est le rôle du kinésithérapeute?

Le kiné va vous aider à prendre conscience du stress mécanique qui s'applique sur votre tissu lésé ou douloureux, puis va essayer d'établir avec vous des stratégies pour essayer de favoriser l'adaptation sans dépasser la limite de cette capacité d'adaptation

Après vous avoir guidé sur ce que vous pouvez faire et ne pas faire, le kiné peut avoir recours à la prescription d'exercices (comme ceux présents dans Kinome), pour soit augmenter votre stress mécanique et vous faire progresser, soit remplacer une activité trop stressante (et donc éviter de ne rien faire) pendant le temps de la cicatrisation tissulaire après une blessure par exemple.

La quantification du stress mécanique est un outil désormais utilisé par des milliers de kinésithérapeutes.

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