Quelques recommandations sur la rééducation de l'épaule du sportif

Il y a quelques mois, s'est réuni à Berne, en Suisse, un comité d'expert dans le domaine de la rééducation de l'épaule. Ce consensus a permis de mettre en avant des recommandations dans le traitement des pathologies d'épaules des patients, et notamment dans la rééducation de l'épaule du sportif. Il ressort de ce rassemblement, quelques points sur la prévention des blessures, le management et la progression de la charge, la rééducation et le retour au sport.

Kinome vous partage ici 8 points clés.

Point n°1 : La rééducation doit être guidée par la douleur et l'irritabilité de l'épaule du patient.

Tout exercice qui augmente le symptôme douloureux doit être modifié ou arrêté, pour éviter une potentielle réaction inflammatoire et un enraidissement réactionnel de l'épaule. Le thérapeute doit donc gérer la charge, l'amplitude, la vitesse et le temps sous contrainte le mieux possible, et se fier en permanence au ressenti de son patient.

Point n°2 : ⁠Il faut intégrer le plus tôt possible des exercices qui tendent vers le geste sportif du patient.

Un geste technique, dans un sport donné, peut nécessiter un long apprentissage et il est capital pour le sportif d'entretenir le mieux possible sa gestuelle pour ne pas perdre ses acquis. Aussi, cela permet d'activer toutes les structures ostéo-musculo-tendineuses et neurologiques qui entrent en jeu pour la réalisation. Enfin, le fait de se rapprocher le plus possible du sport dans la rééducation offre une meilleure expérience au patient, et permet donc de mieux l'impliquer et de mieux le motiver.

Point n°3 : La pliométrie peut-être incluse de manière précoce dans la rééducation.

A condition qu'ils n'augmentent pas la douleur, des exercices pliométriques (exercices dynamiques intenses et explosifs) peuvent être réalisés. Pour cela il faudra s'assurer que le patient maitrise bien les amplitudes de travail non douloureuses. Il s'agira par exemple de pompes, de dips, de biceps curl, de développé militaire, mais aussi d'exercices plus analytiques comme ceux ciblés sur les muscles de la coiffe des rotateurs par exemple.

Point n°4 : Les programmes de prévention de blessure sont incontournables et doivent être réalisés très fréquemment.

La préparation physique pour augmenter les capacités et la performance est très présente dans l'entraînement du sportif, mais on note souvent l'absence de protocoles de prévention des blessures (tendinopathie, instabilité gléno-humérale, renforcement fixateurs d'omoplates par exemple dans le cas de l'épaule).

Point n°5 : l'analyse de la charge spécifique de l'épaule mais aussi de la charge totale de l'athlète sont primordiales dans la prévention des blessures.

La charge spécifique de l'épaule comprend les paramètres de répétitions de mouvement, d'intensité du mouvement pour chaque répétition et de contraintes tissulaires du mouvement pour chaque répétition. Par exemple, pour un sport de lancer, on analyse le nombre de lancer, la vitesse des lancers et les types de lancers. La charge totale sont les paramètres plus généraux comme le nombre d'entrainements et de compétitions, les activités annexes.

Point n°6 : La mise en place d'exercices en chaine fermée pour des sports de lancer est bénéfique.

Les lanceurs (javelot), les handballeurs ou encore les volleyeurs ont, pour la réalisation de leur geste sportif, des mouvements associant vitesse et amplitude. La rééducation va forcément réintégrer des mouvements avec ces paramètres, mais aussi des mouvements à l'opposé du geste sportif (comme ceux en chaine fermée) avec pour objectif de gagner en stabilité, en force, en prophylaxie d'épaule si chute ou choc direct). Les mouvements en chaine fermée permettront parfois de franchir un cap dans la rééducation (gain d'amplitude, gain en contrôle moteur, lutte contre l'appréhension et la kinésiophobie).

Point n°7 : L'amplitude de mouvement va conditionner le retour au sport, en fonction du sport pratiqué.

Il est évident que le retour au sport pourra être effectué plus rapidement dans certains sports par rapport à d'autres. Par exemple, dans des sports de contact, on pourra permettre de revenir au sport même si l'amplitude n'est pas totale contrairement aux sports de lancer.

Point n°8 : le retour au sport peut se faire avec quelques douleurs mais pas le retour à la performance.

Il est primordial de remettre le plus tôt possible le sportif dans son élément. Ainsi, même si quelques gestes sportifs restent sensibles ou légèrement douloureux, on peut permettre la reprise du sport après avoir expliqué au patient les conditions de reprise (niveau et type de douleur à tolérer, gestion de l'intensité et de la progressivité de l'entraînement, augmentation de la vigilance, analyse du ressenti après l'entraînement, poursuite de la rééducation en parallèle). Le retour à la performance avec un symptôme douloureux n'est, quant à lui, pas conseillé. La performance nécessite un haut niveau d'intensité et donc pas assez de progressivité, ce qui peut engendrer une aggravation ou une rechute. La douleur engendre elle, un mauvais geste technique, une mauvaise performance et de la perte de confiance

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